Quand le sujet du schéma est un objet ou un système

Approche systémique

Si ce que nous voulons modéliser est un objet, un système technique ou socio-technique, (telle qu'une institution), nous vous proposons de mobiliser une approche systémique, qui consiste à identifier différentes dimensions d'un système, que nous traduisons par les questions suivantes, qui peuvent vous servir de check-list pour réfléchir aux aspects à privilégier, et notamment décider de faire un seul schéma ou plusieurs.

1. Parmi les dimensions suivantes, lesquelles sont importantes à représenter pour le schéma que nous voulons faire (ou à répartir dans une série de schémas) :

  • Quel est l'environnement de l'objet (avec lequel il interagit, les parties prenantes, ou au sein duquel il existe, que ce soient des structures ou des processus temporels) ?

  • Qu'est-ce que l'objet d'un point de vue ontologique (ce qu'est l'objet) ?

  • Qu'est-ce que l'objet d'un point de vue fonctionnel (ce que fait l'objet, en interne ou en interaction) ?

  • Qu'est-ce que l'objet d'un point de vue génétique (ce que devient l'objet, comment il se transforme, ou comment il est advenu) ?

2. Quelles données, caractéristiques ou relations nous semblent importantes pour modéliser l'objet :

  • Quel est le rôle du temps dans ce que nous voulons représenter ? Quels sont les processus à l'œuvre dans l'objet et/ou entre lui et son environnement ? Le temps est souvent représenté par des flèches (voir le chapitre à ce sujet). Le temps est-il absent de ce que nous voulons représenter, ou au contraire en est-il la grande dimension (le schéma sera alors sûrement une "grande flèche" ou "un grand cycle") ou seulement une partie (flèches plus discrètes) ?

  • Quel est le rôle du spatial ? Notre schéma relève-t-il d'un isomorphisme avec un espace réel ou fictif (comme une carte ou un plan) ? Est-il au contraire a-spatial, auquel cas l'espace de la page (haut-bas, gauche-droite) pourra être pourvu de nouvelles significations (voir le chapitre sur la symbolique spatiale) ?

  • Notre système est-il fermé ou ouvert ? À quoi ? Selon quels processus de filtrage, de sélection ? Et comment pouvons-nous représenter cela (ex : absence de trait autour de la forme, trait en pointillé ou encore représentation d'une instance de filtrage) ?

  • Si l'objet est technique, et dans un crescendo de fonctionnalités, on peut se demander s'il est passif (il se contente d'être là, ex : une pierre), actif (il fait quelque chose, ex : un moulin à eau), actif avec régulation interne (boucles internes d'auto-régulation, ex : soupape), s'il est informé (réception d'information extérieure, ex : circuits de commande, capteurs), doté de processus de "décision" (ex : calculateur, "choix" entre différentes réponses), doté d'une mémoire, voire de capacités de coordination avec d'autres objets, etc.

  • Y a-t-il des flux à représenter : de matière, d'énergie, d'information, qui ont possiblement des sources, qui sont consommées, qui se transforment ?

  • Est-il important de représenter les acteurs ou composants qui interviennent sur ces flux (ex pour la matière et l'énergie : producteur, transporteur-distributeur, stockeur, filtreur, catalyseur ; ex pour l'information : émetteur, médiateur-éditeur, régulateur, modérateur, encodeur-décodeur, lecteur, stockeur) ?

  • Quelles sont les différentes relations que nous voulons mettre en évidence (ex : contenant-contenu, stabilité-mise en mouvement, homéostasie-transformation, coopération-conflit, symbiose-parasitisme, etc.) ?

  • L'objet traverse-t-il différents états, et si oui est-il important de les représenter, quelle part cela doit-il prendre dans notre schéma ? Notamment, voulons-nous montrer ce qui préside au changement d'état ?

ComplémentSource

Nous avons mobilisé une approche systémique telle que formalisée par exemple par Jean-Louis Lemoigne dans La théorie du système général (PUF, 1977). Cet ouvrage se prend un peu trop à son propre jeu (auto-rationalisation abyssale) et se coupe, à notre goût, de l'exigence de se mettre face au concret, mais force est de reconnaître qu'il propose toutefois des clés pour la modélisation d'un système.